Jamais 2 sans 3!
La route jusqu’à la capitale de l’île du Sud étant longue et pénible, nous avons fait une escale d’une nuit au bord du lac Rotoroi, début de la chaîne de montagnes appelée « les Alpes du Sud ». Superbe mais remplie de Sandflies (minuscules moustiques typiques de nz), un vrai cauchemar. Le montage de la tente fut une réelle épreuve de self-control. On a dû manger en speed dans la tente, la voiture étant dès le départ définitivement envahie, et malgré un bombardement violent de pesticide nous n’étions pas en sécurité. La nuit s’annonçait intéressante… Un des habitants du village nous raconta le lendemain matin les nombreuses crises d’hystérie des randonneurs et campeurs causées par ces satanées bestioles. En effet, ils n’abandonnent jamais, aucun bout de peau leur échappe, ils s’infiltrent partout, ils te piquent à répétition, sont par centaines autour de toi, leur piqûre te démange des jours durant et la démangeaison devient incontrôlable ! Bref de quoi te rendre fou, c’est vraiment la tare de nz.
A partir de là, la route vers Christchurch est plate et ne longe que des forêts alpines, puis des champs. Arrivés à notre capitale, le temps de planter la tente dans un camping pour beauf (grande ville oblige), notre langue maternelle nous appelle : un jeune-homme de Brest nous propose de prendre l’apéro. Il voyageait avec un autre français de Paris, ils s’étaient rencontrés en Australie chacun parti pour les même raisons que nous, et s’étaient offert 1 mois de vacances en nz. Nous avons passé une très bonne soirée, l’apéro a duré jusqu’à 1h du matin !
Le lendemain on a décidé de flâner gentiment dans les rues de Christchurch, histoire de se remettre de la veille. Pour un samedi la ville était totalement déserte sous la pluie! Pas très attractive donc, nous avons décidé d’enchaîner sur la suite après une longue mission internet, et ainsi ne pas perdre de temps pour revenir le plus rapidement possible à Wellington. Notre départ vers le Mt Cook, montagne sacrée de nz, étant assez tardif et la route parfaitement plate et ennuyeuse (longeant des vignes et champs durant 2h), nous nous sommes arrêtés sur une aire de repos pour pique-niquer et pourquoi ne pas y dormir. Au cours du repas, des genres d’humains nous ont hurlé des paroles incompréhensibles à travers leur fenêtre de voiture. Premier contact avec la jeunesse locale un samedi soir, nous n’étions pas sûre que ce soit de bonne augure. Du coup pas du tout rassurés, nous décidons d’attendre une heure tardive afin de poser la tente le plus discrètement possible. Après 2h d’écoute de la radio locale dans la voiture glaciale, nous étions devenus totalement paranoïaques ! Nous avons finalement repris la route à 11h du soir, à la recherche d’une aire de repos plus rassurante. Epuisés après 1h30 de route, une aire de repos idéale s’offrait enfin à nous : au bord de la forêt, à l’écart de la route, à l’abri des regards, un sol apparemment propre et moelleux bien que pentu, et surtout déjà squattée d’une tente! Bien que parfait, nous avons quitté l’endroit pour des raisons toujours inconnues ! A minuit et demi, la route commençait à serpenter, l’air à se rafraîchir brutalement et le brouillard à s’épaissir. Fatigués, stressés, saoulés et conscients de peut-être rater de superbes paysages de montagne, on s’est finalement arrêté à 1h30 du matin au bord de la route, sur une aire de travaux, à l’entrée d’un domaine skiable. Forcément pas d’autre choix que de dormir dans la voiture. Mémorable expérience, on peut dire maintenant que dormir dans une voiture est quasi-impossible, largement pire que le train ou l’avion. Nous donnions certainement l’air d’être hors de contrôle de la situation car une voiture s’est arrêtée le matin pour vérifier si on avait besoin d’aide ! Fatigués et malades de notre froide et inconfortable courte nuit, on a continué notre route vers le Lac Tekapo qui n’était plus qu’à 40mn.
Heureux d’être arrivés jusqu’à là, on s’est garé de suite au bord du lac afin d’admirer sa beauté. Retournés dans la voiture, la marche arrière n’a jamais voulu fonctionner de nouveau. Son dernier effort était visiblement pour mourir au bord de ce lac. La marche avant a bien voulu heureusement pousser son dernier cri après, ce qui nous a permis de repartir de ce parking, en poussant tous les cailloux barrant le passage du hors piste, et ainsi rejoindre LE garage du village. Décidément, même si la boîte de vitesse est le point faible des automatiques, je n’ai vraiment pas de chance avec (cf. ma chère titine française).
Une fois la voiture garée sur le parking du garage elle n’a plus jamais voulu bougé de nouveau, drôle de coïncidence quand même, serait-elle un Transformer ????!!!!!!
Etant dimanche bien sûr, pas d’autre choix que d’attendre le lendemain pour un diagnostic. Nous sommes alors partis à pattes chercher un toit pour la nuit. Pas de possibilité de camper en backpaker au village, le proprio d’une auberge a pris pitié de nous et nous propose alors de chercher nos affaires et de nous déposer au camping en-dehors du village. Seulement une fois ce charmant homme parti et toutes nos affaires par terre au bord de la route, nous avons découvert le prix délirant de l’endroit. C’est avec notre volumineux et lourd bordel à nos pieds que nous devions dès lors partir de nouveau à la recherche d’un autre toit. La prochaine auberge de jeunesse n’était qu’à 200m et une adorable famille nous y a déposer en voiture. Au passage, ils nous ont complimentés sur notre anglais, pas si mauvais poussé par une forte volonté de s’en sortir au mieux.
Après une après-midi de déprime mais au chaud, nous avons passé une très agréable soirée en compagnie d’une femme formidable de 56 ans qui faisait le tour du monde toute seule.
Le lendemain, terrorisés d’affronter la réalité, nous sommes finalement retournés chez le garagiste : n’ayant pas la compétence de réparer la boîte de vitesse, il fallait transporter le véhicule jusqu’à Timaru (200$), puis acheter et faire installer une nouvelle transmission (1500$ minimum) ; ou lui laisser la voiture et le payer 150$ pour vider les réservoirs et faire le nécessaire pour avoir le droit de l’abandonner. Dans notre malchance, une voiture fraîchement réparée cherchait un conducteur pour la ramener à Christchurch. Une jeune fille avait planté sa voiture dans les parages après une soirée trop alcoolisée et l’avait simplement abandonné au garagiste. Son père cherchait désespérément un moyen de la ramener et nous a alors payé 50$ pour ce service ! Retourné sur Christchurch dans l’après-midi et avec un moyen de locomotion, nous avons pu ainsi louer le dernier van bon marché disponible de la ville (période équivalente au mois d’août). A 7h du soir on passait de nouveau devant le Pack’n Save (équivalent de Carrefour) de Hornby (banlieue de CH) dans lequel nous avions fait nos réserves pour la semaine, 2 jours plus tôt. Ruinés et épuisés pas tant d’émotions mais si fiers d’avoir aussi bien géré ce moment de crise, nous avons trouvé la motivation de retourner dans la soirée au Lac Tekapo ! Nous avons très rapidement retrouvé le moral car voyager dans un van, même rustique, c’est vraiment cool et romantique.
Ainsi, avec 3 jours de retard, on s’est finalement dirigé vers le fameux Mt Cook, plus qu’à 1h30 du Lac Tekapo.
A suivre pour d’autres émotions, incontestablement plus fortes…